Agatha Christie ( 1890-1976 ) |
En 1930, Agatha Christie, alors âgée de quarante ans et
divorcée depuis peu, laisse provisoirement derrière elle sa chère Angleterre et
une carrière littéraire déjà bien assise pour découvrir le site d'Our en Iraq.
Elle a pour cicérone Max Mallowan, un archéologue de vingt-six ans qu'elle
épouse quelques mois plus tard. Commence alors une vie de voyages à deux : cinq
saisons de fouilles se succèdent jusqu'en 1939, qu'elle racontera plus tard avec
nostalgie, certes, mais surtout avec un humour inoxydable et un art consommé de
l'auto-dérision. Ses pérégrinations lui inspireront en outre trois de ses livres
les plus célèbres : Le Crime de l'Orient-Express, Meurtre en Mésopotamie et Mort
sur le Nil.
Elle nous décrit de façon réjouissante les étranges comportements des indigènes,
le chat, les pyjamas de B., les
Yezidis.
p60 - À Al-Mayàdin, le camping commence vraiment. On déplie une chaise à mon intention, et je trône majestueusement au beau milieu d'une grande cour, ou khan, tandis que Max, Mac, Aristide, Hamoudi et Abdullah bataillent pour dresser nos tentes.
J'ai le beau rôle, cela ne fait aucun doute. Le spectacle est riche en rebondissements. Le vent du désert souffle violemment, ce qui ne simplifie pas leur tâche, et les hommes ne font pas le poids. Abdullah en appelle à la compassion et à la miséricorde divines, Aristide demande l'aide des saints d'Arménie, Hamoudi pousse des cris sauvages d'encouragement tout en riant beaucoup, et Max profère des malédictions d'une voix furieuse. Seul Mac peine en silence — quoique même lui marmonne dans sa barbe de temps à autre.
Enfin tout est prêt. Les tentes ont l'air un peu ivres, un peu gondolées, mais elles tiennent debout. Nous nous unissons pour maudire le cuisinier qui, au lieu de préparer le repas, a profité du spectacle. Toutefois, nous avons des boîtes de conserve bien utiles, que nous ouvrons sur-le-champ, et nous préparons du thé. Puis le soleil se couche, le vent tombe, et une fraîcheur soudaine nous saisit. Nous allons dormir. Pour la première fois de ma vie, je lutte pour entrer dans un sac de couchage. Je ne m'en sors qu'en unissant mes efforts à ceux de Max mais, une fois à l'intérieur, je me sens merveilleusement à l'aise. J'emporte toujours avec moi à l'étranger un oreiller moelleux de très bonne qualité ; à mes yeux, cela fait toute la différence entre confort et supplice. Je dis joyeusement à Max :
« Je crois bien que j'aime dormir sous la tente. »
Soudain me vient une étrange pensée.
« Tu ne penses pas que des rats ou des souris, ou Dieu sait quoi d'autre, vont
me courir dessus en pleine nuit ?
— Si, sans doute », me répond Max d'une voix rieuse et ensommeillée.
Je suis en train de digérer sa réponse quand le sommeil me surprend, et lorsque je me réveille il est cinq heures du matin : le soleil apparaît, il est temps de se lever et de commencer une nouvelle journée.
Dans le voisinage immédiat d'Al-Mayàdin, les tertres ne présentent aucun intérêt.
« Romain ! » murmure Max avec dégoût.
Il n'a jamais été plus dédaigneux. Je ne peux m'empêcher de penser que les Romains étaient un peuple intéressant mais j'étouffe mes sentiments et je fais écho à sa déception, en répétant à mon tour « Romain » et en jetant un regard de mépris sur le fragment de poterie incriminé.
Dans l'après-midi, nous allons visiter les fouilles américaines de Doura. C'est un moment agréable, les archéologues sont charmants avec nous. Cependant je sens languir mon intérêt pour leurs découvertes, et j'ai de plus en plus de mal à écouter ou à prendre part à la conversation. Mais la manière dont ils racontent les difficultés qu'ils rencontrèrent pour rassembler une équipe d'ouvriers est amusante.
Dans cette partie isolée du monde, travailler pour un salaire est une idée très abstraite. Les membres de l'expédition furent confrontés à un refus catégorique ou à une totale incompréhension. En désespoir de cause, ils firent appel aux autorités militaires françaises, dont la réponse a été rapide et efficace. Elles arrêtèrent environ deux cents autochtones et les emmenèrent sur le lieu de travail. Les prisonniers étaient aimables, d'une humeur de rêve, et ils semblèrent apprécier leur tâche. On leur dit de revenir le lendemain mais personne ne se présenta. Les Français furent une fois de plus appelés à la rescousse, et une fois de plus ils procédèrent à des arrestations. Comme la première fois, les ouvriers travaillèrent avec une satisfaction évidente. Mais comme la première fois, personne ne se présenta le lendemain et il fallut de nouveau faire appel aux militaires. Finalement, le mystère fut élucidé.
« N'aimez-vous pas travailler pour nous ?
– Si, bien sûr, pourquoi ? Nous n'avons rien à faire à la maison.
– Alors pourquoi ne venez-vous pas chaque jour ?
– Nous souhaitons venir, mais bien sûr nous devons attendre que les soldats
viennent nous chercher. Je peux vous assurer que nous étions très indignés
lorsqu'ils ne sont pas venus ! Ils ont manqué à leur devoir !
– Mais nous voulons que vous travailliez pour nous sans que les soldats s'en
mêlent !
– Quelle curieuse idée !
À la fin de la semaine les hommes furent payés, et cela acheva de les désorienter.
« Vraiment, dirent-ils, nous ne pouvons comprendre les coutumes des étrangers ! Ici, nous sommes sous le commandement des Français. Ils ont naturellement le droit de venir nous chercher, de nous mettre en prison ou de nous envoyer faire des fouilles pour vous. Mais pourquoi nous donnez-vous de l'argent ? À quoi l'argent sert-il ? Cela n'a aucun sens !
Néanmoins, les coutumes déroutantes des Occidentaux finirent par être acceptées, non sans force hochements de tête et grommellements. Une fois par semaine, ils percevaient un salaire. Mais ils en voulaient toujours un peu aux soldats. Ces derniers auraient dû venir les chercher chaque matin !
Véridique ou non, c'est une bonne histoire ! J'aimerais seulement me sentir plus intelligente. Qu'est-ce que j'ai ? Une fois de retour au camp, la tête me tourne. Je prends ma température : 38,9 °C ! En plus, j'ai mal au ventre et je suis en piteux état. Je suis bien contente de me glisser dans mon sac de couchage en rampant et de m'endormir – pas question de dîner.
Ce matin, Max, l'air soucieux, me demande comment je me sens. Je réponds en gémissant : « Très mal ! »
De plus en plus inquiet, il me demande si je pense être vraiment malade. Je le rassure sur ce point. Je souffre de ce qu'on appelle en Égypte un « mal de ventre égyptien » et à Bagdad un « mal de ventre bagdadi ». Rien de très amusant lorsqu'on est perdu en plein désert. Max ne peut se résoudre à me laisser seule au camp, et de toute façon la température à l'intérieur de la tente s'élève à 55 degrés dans la journée ! Nous devons poursuivre les repérages. Je me blottis dans la voiture, agitée par un rêve fébrile. Lorsque nous arrivons devant un tertre, je descends et m'allonge à l'ombre du Queen Mary – le peu d'ombre que le véhicule peut offrir – tandis que Max et Mac escaladent le tertre afin de l'examiner de plus près.
À dire vrai, les quatre jours suivants virent au cauchemar absolu. L'une des histoires d'Hamoudi semble particulièrement appropriée à la situation. Elle met en scène la ravissante épouse d'un sultan, qu'il emmène partout avec lui ; elle se lamente jour et nuit en invoquant Allah car elle se sent seule dans le désert, sans le moindre compagnon.
« Enfin, Allah, fatigué de ses récriminations, lui envoya de la compagnie. Des mouches ! »
Je me sens particulièrement remontée contre la ravissante épouse qui a provoqué le courroux d'Allah : toute la journée, des nuages de mouches rendent le repos impossible. Je regrette amèrement d'avoir pris part à cette expédition, et parviens à grand-peine à ne pas le dire à voix haute.
Au bout de quatre jours sans la moindre nourriture, à l'exception d'un thé léger sans lait, je me sens soudain revivre. La vie vaut à nouveau d'être vécue. Je dévore un repas colossal, composé de riz et d'un ragoût de légumes nageant dans la graisse. Je crois bien n'avoir jamais rien mangé de plus délicieux !
Après ça, nous gravissons le tertre au pied duquel nous avons dressé notre
campement : le tell Suwàr, sur la rive gauche du Khâbfir. Ici il n'y a rien, ni
village, ni aucune habitation, pas même des tentes de Bédouins.
La lune brille au-dessus de nos têtes, et en bas, le Khàbilr serpente en un S
géant. Après la canicule de la journée, l'air de la nuit est doux et parfumé.
« Quel lieu magnifique ! Pouvons-nous y faire des fouilles ? »
Max secoue la tête tristement et prononce le mot fatal :
« Romain.
– Quel dommage ! L'endroit est si ravissant.
– Je te l'avais bien dit, poursuit Max, le Khàbiir est un endroit unique ! On
trouve des tells sur les deux rives. »
Depuis quelques jours, les tells m'étaient complètement sortis de l'esprit, mais je suis heureuse de constater que je n'ai pas manqué grand-chose.
« Es-tu certain de ne rien pouvoir trouver ici ? »
Je pose la question avec un vague regret. J'ai pris le tell Suwàr en affection.
« Nous pourrions, bien sûr, mais à une grande profondeur. Il nous faudrait
d'abord creuser à travers les vestiges romains. Nous pouvons faire mieux
ailleurs. »
Je soupire et murmure :
« Tout est si calme et si paisible ici, pas une âme à l'horizon. »
À ce moment précis, un vieillard surgit de nulle part. D'où vient-il ? Il gravit
lentement le versant du tertre, sans la moindre hâte. Il porte une longue barbe
blanche et sa dignité est ineffable. Il salue Max poliment.
« La vie vous est-elle douce ?
– Oui. L'est-elle pour vous ?
– Oui. Alors remercions Dieu !
– Remercions Dieu ! »
Il s'assied à nos côtés. Un long silence s'installe, ce silence courtois des gens bien élevés qui est si reposant après la précipitation occidentale. Enfin, le vieillard demande son nom à Max. Celui-ci lui répond. L'homme réfléchit à voix haute.
« Milwan, répète-t-il, Milwan... Quelle légèreté ! Quel éclat ! Quelle beauté ! »
Il reste assis avec nous encore un moment. Puis il nous quitte, aussi calmement qu'il est venu. Nous ne le reverrons jamais.
Une fois complètement guérie, je commence vraiment à bien m'amuser. Chaque matin, nous partons travailler à l'aube afin d'examiner les tertres sur lesquels nous tombons en chemin, nous en faisons le tour plusieurs fois et ramassons le moindre fragment de poterie. Puis, une fois au sommet, nous comparons nos résultats et Max conserve les échantillons qui peuvent nous être utiles ; il les range dans de petits sacs de lin et les étiquette soigneusement. L'esprit de compétition règne entre nous : qui découvrira le trophée de la journée ?
Je commence à comprendre pourquoi les archéologues ont l'habitude de marcher les yeux fixés au sol. Je sens que très vite je pourrai moi aussi oublier de regarder autour de moi, ou au loin. Je marcherai en ne quittant plus mes pieds des yeux, comme s'il n'existait rien de plus intéressant au monde.
L'attitude de nos deux chauffeurs face aux questions d'argent ne saurait être plus divergente. Abdullah laisse rarement s'écouler une journée sans réclamer à grands cris une avance sur son salaire. S'il avait obtenu gain de cause, il aurait ainsi perçu sa paie dans son intégralité et l'aurait, je le suppose, dépensée en moins d'une semaine. Prodigalité arabe oblige, Abdullah l'aurait engloutie au café du coin. Il aurait eu fière allure ! Ç'aurait été « excellent pour sa réputation ».
Aristide, l'Arménien, affiche la plus grande réticence à l'idée de percevoir un seul penny de son salaire.
« Gardez-le pour moi jusqu'à la fin du voyage. Si j'ai besoin d'argent pour de menues dépenses, je viendrai vous voir. »
Jusqu'à présent il n'a demandé que quatre pence pour acheter une paire de chaussettes !
Son menton affiche désormais une barbe naissante, ce qui lui donne l'allure d'un personnage biblique. Il est meilleur marché, explique-t-il, de ne pas se raser. On économise l'argent que l'on aurait dépensé en lames de rasoir. Et cela n'a guère d'importance en plein désert.
À la fin du voyage Abdullah sera une fois de plus sans le sou, et, à n'en pas douter, il se remettra à traîner sur les quais de Beyrouth en attendant, avec une fatalité tout arabe, que Dieu lui procure un autre travail.
Aristide aura à
sa disposition tout l'argent gagné.
« Et comment le dépenseras-tu ? demande Max.
– Il servira à acheter un taxi en meilleur état, répond Aristide.
– Et une fois que tu auras ce nouveau taxi ?
– Alors je gagnerai encore plus et posséderai deux taxis. »
Je me vois très bien revenir en Syrie d'ici une vingtaine d'années et tomber sur Aristide devenu le propriétaire immensément riche d'un grand garage ; il vivra certainement dans une vaste maison de Beyrouth. Mais même alors, je crois bien qu'il évitera de se raser dans le désert, afin d'économiser le prix des lames.
Et pourtant, Aristide n'a pas été élevé par des Arméniens. Un jour, alors que
nous croisons des Bédouins, ces derniers le saluent et il leur répond bruyamment
en faisant de grands signes affectueux.
« C'est la tribu Anaizah, explique-t-il. Je suis des leurs.
– Comment cela ? » demande Max.
C'est alors qu'Aristide, avec un sourire joyeux et serein, nous raconte l'histoire de sa voix douce et ensoleillée. L'histoire d'un petit garçon de sept ans qui fut jeté vivant dans une fosse profonde, avec sa famille et d'autres familles arméniennes, par les Turcs. Ils les recouvrirent de goudron avant d'y mettre le feu. Son père, sa mère, ses deux frères et ses soeurs furent brûlés vifs. Étant caché sous leur corps, il était encore en vie lorsque les Turcs partirent et il fut trouvé plus tard par des Arabes Anaizah. Ils recueillirent le petit garçon et Aristide fut adopté par leur tribu. Il fut élevé comme un jeune Arabe, et voyagea avec ces nomades d'un pâturage à l'autre. Mais à l'âge de dix-huit ans il se rendit à Mossoul et demanda des papiers afin de prouver sa nationalité. Il était arménien et non pas arabe ! Cependant, aux yeux des membres de la tribu, il est toujours un frère de sang.
Dès qu'ils sont ensemble, Hamoudi et Max sont très gais. Ils rient, chantent, et c'est à qui racontera la meilleure histoire. Parfois je demande qu'on me les traduise, lorsqu'elles sont particulièrement hilarantes. Par instants, j'envie ce plaisir partagé. Une barrière infranchissable me sépare toujours de Mac. Nous sommes assis en silence à l'arrière de la voiture. L'architecte soupèse avec gravité les mérites de chacune de mes réflexions et règle la question en conséquence. Jamais je ne me suis sentie aussi pitoyable sur le plan des relations humaines ! De son côté, Mac a l'air parfaitement heureux. Je ne peux m'empêcher d'admirer cette magnifique liberté d'esprit.
Toujours est-il que le soir, dans l'intimité de notre tente, lorsque je suis enveloppée dans mon sac de couchage et que Max et moi commentons les événements de la journée, je maintiens vigoureusement que Mac n'est pas tout à fait humain. Quand il avance une opinion originale, c'est en général pour vous décourager, et toute critique hostile semble lui procurer une satisfaction lugubre indéniable.
Aujourd'hui, j'ai marché de manière incertaine, cela n'a cessé d'empirer et je suis inquiète. D'une manière curieuse, mes pieds semblent dépareillés. J'ai tendance à pencher à bâbord. S'agit-il, me demandé-je avec inquiétude, des premiers symptômes d'une maladie tropicale ?
J'interroge Max : a-t-il remarqué que je n'arrivais plus à marcher droit ?
« Mais tu ne bois jamais, réplique-t-il. Dieu sait, ajoute-t-il avec des reproches dans la voix, que j'ai pourtant fait tout mon possible pour te convaincre de boire. »
Ce qui nous amène à un sujet de conversation qui ne manque jamais d'entraîner une polémique. En effet, chacun lutte sa vie durant pour surmonter ses incapacités les plus regrettables. Mon problème à moi est d'être incapable d'apprécier l'alcool ou le tabac.
Si seulement je parvenais à désapprouver ces produits de première nécessité, mon amour-propre en sortirait au moins intact. Mais au contraire je regarde avec envie ces femmes qui, où qu'elles soient, fument avec aplomb, et lorsque je me rends à un cocktail, je passe mon temps à chercher désespérément un endroit où cacher un verre auquel je n'ai pas touché.
La persévérance ne m'a été d'aucun secours. Pendant six mois, j'ai fumé religieusement une cigarette après chaque déjeuner et chaque dîner. Je suffoquais un peu, j'avalais des brins de tabac et je battais des paupières quand la fumée me piquait les yeux. Très vite, me suis-je dit, j'apprendrais à fumer dans les règles de l'art. Mais tel n'a pas été le cas et ma performance a été sévèrement critiquée : peu agréable à regarder, et même pénible, m'a-t-on dit. J'ai accepté ma défaite.
Lorsque j'ai épousé Max, nous avons apprécié les plaisirs de la table en complète harmonie. Mais il a été perturbé en découvrant que j'étais incapable d'apprécier les bons vins – ou quelque boisson que ce fût. Il a donc décidé de m'éduquer et m'a fait goûter sans relâche bordeaux, bourgognes, sauternes, graves, et, avec un désespoir grandissant, des tokays, de la vodka et de l'absinthe. A la fin, il a reconnu avoir perdu la partie. J'avais pour seule réaction de constater que certains breuvages étaient pires que d'autres ! En soupirant de lassitude, Max a dû soudain envisager une existence où il serait éternellement condamné à se battre pour me commander de l'eau dans les restaurants. Il a ajouté qu'il avait pris un coup de vieux à cette seule pensée.
D'où sa remarque lorsque j'en appelle à sa sympathie à propos de ma démarche
d'ivrogne.
« Il me semble que j'ai toujours tendance à pencher vers la gauche. »
Max me répond qu'il s'agit probablement de l'une de ces maladies tropicales très rares que l'on ne différencie que par un nom de personne. La maladie de Stephenson ou d'Hartley. Le type d'infection, poursuit-il joyeusement, qui ne disparaîtra qu'avec la chute progressive de tous mes orteils.
Je contemple cette agréable perspective. Soudain, j'ai l'idée de regarder mes
pieds. Le mystère est levé dans la seconde. La semelle extérieure de ma
chaussure gauche et la semelle intérieure de ma chaussure droite sont usées de
manière spectaculaire. Alors que je les examine de près, je comprends ce qui
s'est passé. Depuis que nous avons quitté Deir-ez-Zor, j'ai inspecté une
cinquantaine de tertres de hauteurs différentes, dotés de pentes raides, et
toujours en montant par la gauche. Je dois donc maintenant faire le contraire et
monter par la droite, afin de rétablir l'équilibre. En temps utile, mes
chaussures seront éculées de manière harmonieuse.
p116 - Une fois dans mon lit, impossible de fermer l'oeil! Je n'ai jamais fait partie de ces gens qui détestent les souris. Une souris ou deux dans une chambre à coucher ne me perturbent pas le moins du monde, et une fois j'ai même éprouvé une certaine tendresse pour une intruse fidèle au rendez-vous baptisée affectueusement Elsie (sans que j'aie la moindre idée de son sexe).
Mais jamais je n'oublierai ce que nous avons vécu au cours de cette première nuit à Amudà. À peine avons-nous éteint les lampes que des hordes de souris – je crois vraiment qu'il y en a des centaines – émergent de leurs trous creusés dans les murs et le sol. Elles se mettent à courir gaiement sous nos lits tout en couinant. Des souris qui vous trottent sur le visage, des souris qui vous tirent les cheveux, des souris, des souris !
DES SOURIS !
J'allume une lampe torche. Quelle horreur ! Les murs sont recouverts de créatures étranges et pâles qui grouillent comme des cafards. Une souris est assise au pied de mon lit et se lisse les moustaches. D'horribles petites choses rampent un peu partout.
Max profère des paroles apaisantes.
« Endors-toi. Une fois que tu seras endormie, rien de tout cela ne t'inquiétera plus. »
Excellent conseil, quoique difficile à mettre en pratique ! On doit d'abord s'assoupir, ce qui est quasiment impossible avec toutes ces souris en train de faire leur gymnastique – elles ont choisi mon corps comme terrain d'entraînement ! Du moins n'est-ce pas possible pour moi. Max, lui, paraît s'en accommoder parfaitement.
Je m'efforce de réprimer ma répugnance. Je parviens à m'endormir un court instant, mais je suis brusquement réveillée par de petites pattes qui courent sur mon visage. Je rallume la lampe. Les cafards se sont multipliés et une énorme araignée noire descend du plafond dans ma direction !
Ainsi se passe le début de la nuit. À deux heures du matin, je dois le dire à ma grande honte, l'hystérie me gagne. À l'aube, je déclare que je repars immédiatement pour Kamechliyé, où j'attendrai le train qui m'amènera directement à Alep. Et de là je rejoindrai aussitôt l'Angleterre. Je n'en peux plus de cette vie ! C'est au-dessus de mes forces. Je rentre à la maison !
Max maîtrise la crise d'une manière remarquable. Il se lève, ouvre la porte et appelle Hamoudi. Cinq minutes plus tard, nos lits ont été traînés dans la cour. Pendant quelques minutes, allongée, je contemple le ciel étoilé et paisible. L'air frais me caresse le visage. Je m'endors. J'imagine que Max a poussé un soupir de soulagement avant de s'endormir à son tour.
« Tu n'envisages pas vraiment de repartir pour Alep ? » me demande-t-il d'une
voix anxieuse le lendemain matin.
Je rougis légèrement en repensant à ma crise d'hystérie.
« Non, dis-je ; je ne le ferais pour rien au monde. Mais je vais continuer à
dormir dans la cour ! »
Hamoudi m'explique d'une voix calme que tout va très vite s'arranger. On va reboucher les trous de notre chambre avec du plâtre et appliquer une nouvelle couche de chaux ; de plus, un chat va se joindre à nous ; on vient de nous le prêter. Il s'agit d'un superchat, d'un matou très professionnel.
Je demande à Mac quel genre de nuit il a passée lorsqu'il est arrivé avec
Hamoudi. Des choses lui ont-elles couru sur le corps sans arrêt ?
– J'imagine que oui, réplique-t-il, toujours aussi imperturbable. Mais je
dormais ! »
Merveilleux Mac !
Notre chat fait son apparition après le dîner. Je ne l'oublierai jamais. Hamoudi avait raison, il est très professionnel. Il sait pourquoi il a été engagé et se met au travail avec toute l'adresse d'un spécialiste. Pendant que nous dînons, il se tient en embuscade derrière une valise. À chaque fois que nous parlons, bougeons ou faisons un peu trop de bruit, il nous lance un regard impatient.
« Je vous demande impérativement d'être calmes, pouvons-nous lire dans ses yeux. Comment puis-je travailler sans votre coopération ? »
Il a l'air furieux, et nous obéissons immédiatement. Nous nous mettons à murmurer et à manger en évitant le plus possible de faire tinter nos verres contre nos assiettes.
Par cinq fois au cours du repas, une souris surgit de son trou et se met à courir à travers la pièce, et par cinq fois notre chat bondit. La sanction est immédiate. Il ne folâtre pas à l'occidentale, ne joue pas avec sa victime. Il se contente de lui arracher la tête, puis il la croque avant d'avaler le reste du corps. C'est plutôt horrible à voir, et d'une précision toute chirurgicale.
Le chat nous tient compagnie pendant cinq jours. Passé ce délai, plus une souris
à l'horizon. Puis le chat nous quitte mais les souris restent invisibles. Je
n'ai jamais connu, avant ou depuis, un chat aussi compétent. Nous ne
l'intéressions nullement, il n'a jamais demandé de lait ni à partager notre
nourriture. Il était froid, scientifique et impersonnel. Un chat très accompli !
p156 - Lorsque des visiteurs arrivent, que ce soit sur le tertre ou à la maison, B. est à son affaire. Religieuses, officiers, archéologues de passage, touristes : il est serviable et compétent avec tous.
« Une voiture s'arrête et des gens en descendent. Dois-je aller à leur rencontre ?
– Oh ! faites, je vous en prie !
Nos visiteurs arrivent sous la houlette habile de B., qui est capable de bavarder en n'importe quelle langue. Nous le lui disons toujours : en de telles occasions, il vaut son pesant d'or.
« Mac ne sert pas à grand-chose, n'est-ce pas ? fait remarquer B. avec un sourire narquois en direction de Mac.
– Mac, dis-je sévèrement, ne sert à rien du tout. Il n'essaie même pas. »
L'architecte nous gratifie de son habituel sourire, doux et distant...
Mais nous découvrons enfin que Mac a une faiblesse : les chevaux. Pour résoudre le problème de ses pyjamas, B. le dépose en effet sur le tertre avant de se rendre en voiture à Kamechliyé, et comme Mac souhaite rentrer à la maison à la mi-journée, Alawi lui suggère de revenir à cheval. Le cheikh en possède plusieurs. Le visage de Mac s'illumine immédiatement. Sa douceur hautaine disparaît en un clin d'oeil, remplacée par l'impatience. Désormais, au moindre prétexte, il rentre à la maison à cheval.
« Le khwaja Mac, il ne parle pas, il siffle, déclare Alawi. Quand il veut que l'ouvrier qui porte le mât d'échafaudage aille à gauche, il siffle ; quand il appelle le maçon, il siffle ; maintenant, c'est pour parler à un cheval qu'il siffle ! »
Le problème des pyjamas de B. n'est toujours pas résolu. Les douaniers exigent la somme exorbitante de huit livres. B. leur fait remarquer qu'ils n'ont coûté que deux livres chacun et refuse de payer. Les choses se compliquent. Dans ce cas, que sont-ils censés faire du colis ? Ils le rapportent au postier. Ce dernier ne doit ni le remettre à B. ni le renvoyer en Angleterre ! Nous passons plusieurs jours à Kamechliyé afin de négocier. Que d'heures perdues ! On fait appel à l'arbitrage du directeur de la banque et à celui des services spéciaux. Nous sollicitons même l'avis d'un haut dignitaire de l'Église maronite de passage à la banque – très impressionnant dans sa robe pourpre, avec son immense croix et ses cheveux ramenés en un chignon volumineux ! Bien que toujours en pyjama, l'infortuné postier peut difficilement fermer Cet épisode prend rapidement des proportions internationales.
Soudain, tout est réglé. Un douanier d"Amudà arrive à la maison avec le colis. Les problèmes ont été résolus : trente shillings pour les droits de douane, « douze francs cinquante pour les timbres, et des cigarettes, n'est-ce pas ? [en français]»
Nous lui remplissons les mains de paquets de cigarettes.
« Voilà, monsieur ! »
Il rayonne, B. rayonne, tout le monde rayonne. Nous faisons cercle et regardons B. ouvrir son colis.
Il en brandit fièrement le contenu et nous explique, tel le Chevalier à la blanche armure, qu'il s'agit d'une invention à lui, une invention très singulière.
« Cela permet de lutter contre les moustiques. Plus besoin de moustiquaire. »
Max réplique qu'il n'a jamais vu un moustique dans cette partie du globe.
« Bien sûr qu'il y a des moustiques, réplique B. C'est bien connu. L'eau
stagnante ! »
Mon regard se porte immédiatement sur Mac. « Il n'y a pas d'eau stagnante dans la région, dis-je. Sinon Mac le saurait déjà !
B. affirme triomphalement qu'il existe une mare d'eau stagnante au nord d"Amudà. Max et moi répétons que nous n'avons jamais entendu parler, ou vu, de moustiques. B. ne nous prête aucune attention et s'étend sur son invention.
Les pyjamas sont en soie blanche lavable. Ils sont d'une seule pièce, avec un capuchon qui recouvre le visage, et les manches se terminent par des mitaines. Ils se ferment devant par une fermeture Éclair. Ainsi, les seules parties du corps exposées aux moustiques sont les yeux et le nez.
« Et comme vous inspirez et expirez par le nez, cela tient les moustiques à distance », explique fièrement B.
Max répète fraîchement qu'ici il n'y a pas de moustiques. B. nous laisse
entendre que, lorsque nous souffrirons tous de la malaria et que nous
grelotterons de fièvre, nous regretterons de ne pas avoir adopté son idée.
Le soir même, nous dormons à poings fermés lorsque éclate un vacarme
assourdissant. Nous nous levons d'un bond, et l'espace d'un instant nous croyons
être attaqués par des voleurs. Nous nous précipitons tous dans la salle à
manger. Un homme en blanc court en tous sens comme un fou, en glapissant et en
sautant en l'air.
« Pour l'amour du ciel, B., que se passe-t-il ? » s'exclame Max.
Pendant une seconde, nous pensons qu'il est devenu fou. Soudain, nous comprenons. D'une manière ou d'une autre, une souris est parvenue à s'introduire dans le pyjama anti moustiques, et la fermeture Éclair s'est bloquée !
Nous en rions jusqu'à l'aube. Seul B. ne trouve pas ça vraiment drôle...
p160 - La construction de notre maison s'accélère soudain. La charpente en bois est mise en place et l'on élève des murs en briques de boue. Notre demeure aura fière allure. Je félicite Mac, qui est à mes côtés sur le tertre.
« C'est bien mieux que mes toilettes », lui dis-je.
Notre talentueux architecte en convient. Néanmoins, il se plaint amèrement de ses ouvriers qui n'ont aucune idée de ce qu'est la précision. J'abonde dans son sens. Mac, désenchanté, précise qu'ils ne font que rire et n'accordent pas beaucoup d'importance à leur travail. J'oriente la conversation vers les chevaux et cela lui remonte le moral.
Plus la chaleur s'installe, plus les hommes deviennent irascibles. Max augmente les amendes en cas de fracture du crâne, et, en désespoir de cause, il passe à la vitesse supérieure. Chaque matin, les ouvriers doivent lui remettre leurs armes avant de se mettre à l'ouvrage. C'est une décision impopulaire et ils l'acceptent à contrecoeur. Sous le regard de mon époux, ils déposent gourdins, matraques et longs couteaux – tous parfaits pour commettre un meurtre. Michel les enferme à l'intérieur du Blue Mary. Au crépuscule, leurs propriétaires viennent les rechercher. Cela nous fait perdre du temps et c'est fastidieux, mais au moins les hommes échappent-ils au pire.
Un ouvrier yezidi vient se plaindre qu'il est sur le point de s'évanouir tellement il a soif. Il ne pourra se remettre au travail qu'après avoir bu.
« Mais il y a de l'eau. Pourquoi n'en bois-tu pas ?
– Je ne peux pas. Elle vient du puits, et ce matin le fils du cheikh y a jeté
des feuilles de laitue. »
Leur religion interdit aux Yezidis de jamais mentionner le mot « laitue » ou de toucher quoi que ce soit ayant été contaminé par cette salade, car ils pensent que Satan y réside.
« Écoute, je crois qu'on t'a menti, dit Max, car j'ai vu le fils du cheikh ce matin même à Kamechliyé, et il m'a dit qu'il y était depuis deux jours. On t'a raconté des histoires. »
On rassemble les hommes afin de les sermonner. Il est interdit de mentir ou de
persécuter les ouvriers yezidis.
« Sur ce champ de fouilles, nous sommes tous frères. »
Un musulman au regard joyeux s'avance.
« Tu suis les préceptes du Christ, khwaja, et nous les enseignements de Mahomet,
mais nous sommes tous deux les ennemis de Satan. Il est donc de notre devoir de
persécuter ceux qui vénèrent le diable et souhaitent rétablir son culte.
– Alors, à l'avenir, faire votre devoir vous coûtera cinq francs à chaque fois ! » lâche Max.
Pendant les quelques jours qui suivent cette déclaration, nous n'enregistrons aucune plainte de la part des Yezidis. Ces derniers sont des gens curieux et singulièrement doux, et leur culte de Satan relève surtout de l'expiation. D'ailleurs, ils croient que ce monde a été placé sous la tutelle du diable par Dieu en personne et qu'à l'ère satanique succédera l'ère christique. Ils reconnaissent Jésus en tant que prophète mais pensent que son heure de gloire n'est pas encore arrivée. Le nom de Satan, ou tout ce qui s'y rattache, ne doit jamais être prononcé.
Leur lieu de culte, Cheikh-Adi, se trouve dans les collines kurdes près de Mossoul, et nous l'avons visité lorsque nous effectuions des fouilles dans les environs. Il n'est pas, à mon humble avis, de lieu plus beau et paisible sur la terre. Nous avons suivi en voiture une route en lacet qui s'enfonce dans les collines à travers chênes et grenadiers, tout en longeant un torrent de montagne. L'air est frais, cristallin et vivifiant. Vous devez parcourir à pied ou à cheval les derniers kilomètres. On dit qu'en cette partie du globe l'âme humaine est si pure que les femmes peuvent se baigner nues dans les rivières.
Puis, soudain, vous parvenez aux flèches blanches du lieu saint. Tout y est calme, doux et serein. Il y a des arbres, une cour et une fontaine. Des gardiens à l'air avenant vous apportent des rafraîchissements et vous restez assis, dans la plus parfaite paix intérieure, en sirotant du thé. Dans la cour intérieure, l'entrée du temple se trouve ornée sur la droite d'un grand serpent noir sculpté. Il est sacré car les Yezidis pensent que l'arche de Noé a crevé sa coque en s'échouant sur le djebel Sindjàr et que le serpent s'est alors enroulé sur lui-même pour colmater la brèche, ce qui a permis à l'arche de poursuivre sa route.
Nous avons retiré nos chaussures et on nous a emmenés à l'intérieur du temple. Nous avons enjambé le seuil avec mille précautions, car il est interdit de marcher dessus. Il est également interdit de montrer la plante de ses pieds, ce qui n'est pas une mince affaire quand on est assis par terre les jambes croisées.
À l'intérieur, il faisait sombre et frais, et nous entendions de l'eau s'écouler goutte à goutte. Il s'agissait de la source sacrée qui, selon la légende, communiquerait directement avec La Mecque. Dans ce temple, au moment des grandes fêtes religieuses, on promène une statue de paon. Cet oiseau a été choisi pour être le représentant de Satan sur terre car, selon certains, c'était le mot phonétiquement le plus éloigné du nom interdit. Quoi qu'il en soit, Lucifer, Fils du matin, est l'Ange paon de la religion yezidi.
Nous sommes ressortis et avons profité, une fois assis, de la fraîcheur silencieuse et de la paix de la cour. Max et moi avons eu le plus grand mal à nous arracher à ce sanctuaire de montagne pour retrouver la folie du monde extérieur. Je n'oublierai jamais cet endroit, ni la profonde sérénité et le bonheur qui m'habitèrent en ce lieu...
Le chef des Yezidis, le mir, est venu nous rendre visite sur un champ de fouilles en Irak. C'est un homme grand, au visage triste, vêtu de noir des pieds à la tête. Le mir est aussi un chef spirituel. Mais, selon la rumeur locale, ce mir-là était entièrement « sous la coupe » de sa tante, la gardienne du temple, et de sa mère, une belle femme ambitieuse. On disait qu'elle droguait son fils afin de le manipuler à sa guise.
Au cours d'une excursion dans le djebel Sindjàr, nous avons rendu visite à un vieux chef yezidi qui devait avoir quatre-vingt-dix ans. Pendant la guerre de 1914-1918, des centaines de réfugiés arméniens ont échappé aux Turcs et trouvé refuge dans le Sindjàr, ce qui leur a sauvé la vie.
Un nouveau désaccord d'une extrême violence oppose les hommes sur le choix du jour de repos. En général, ils reçoivent leur salaire tel jour et disposent du lendemain. Les musulmans prétendent que, puisqu'ils sont plus nombreux que les chrétiens, on devrait opter pour le vendredi. Les Arméniens refusent de travailler le dimanche. Ils disent qu'il s'agit d'un champ de fouilles chrétien et que le dimanche devrait y être chômé. Nous décidons que le jour de repos sera toujours le mardi, qui, pour autant que nous le sachions, n'est associé à aucune religion.
Le mardi soir, les chefs d'équipe viennent à la maison boire un café et nous raconter les difficultés ou les problèmes récents. Un jour, le vieux Abd es-Salaam est particulièrement éloquent. Sa voix s'élève en un monologue passionné. Bien que j'écoute attentivement son discours, je n'en comprends pas un traître mot, mais cela a l'air si dramatique que ma curiosité est piquée au vif. Quand il fait une pause pour respirer, je demande à Max de quoi il s'agit. Sa réponse se résume à un seul mot :
« Constipation. »
Sentant mon intérêt, Abd es-Salaam se tourne vers moi et, d'un ton emphatique, se répand en détails sur son état de santé.
« Il a tout essayé, jusqu'à des laxatifs végétaux et de l'huile de castor, me précise Max. Il est en train de t'expliquer de manière très précise les effets des divers produits sur son organisme et comment aucun d'eux n'a provoqué le résultat désiré. »
Il est clair que le médicament pour chevaux du médecin français s'impose. Max
lui en administre une dose massive. Abd es-Salaam nous quitte le coeur plein
d'espoir, et nous prions tous pour un dénouement heureux.
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