Les livres de voyage


Auteurs
Jules Crevaux
Richard Henry Dana
Jane Dieulafoy
A-O Exmelin
Émile Guimet
Robert Fortune
Thorkild Hansen
R-E HUC
Robert Knox
N. M-Maklaï
Nicolaï Prjevalski
R.L.Stevenson

XX siècle
Nicolas Baïkov
Nigel Barley
Josef Martin Bauer
Sybille Bedford
Michel Benoît
Richard Bernstein
Nicolas Bouvier
Agatha Christie
Yves Courriere
A. David-Neel
Mircea Eliade
René Flinois
Aron Gabor
Ryszard Kapuscinski
Hisao Kimura
Theodora Kroeber
Laurie Lee
Jean Lescuyer
Norman Lewis
Ella Maillard
Henri Michaux
Henry de Monfreid
Redmond O'Hanlon
Bernard Ollivier
F. Ossendowski
Michel Peissel
Odette du Puigaudeau
R. Rallier du Baty
Dominique Richert
Corrado Ruggeri
Slavomir Rawicz
St-Preux - Minosa
Marcel Sauvage
Vikram Seth
Freya Stark
Paul Theroux
Philippe Valéry
Fabienne Verdier
Olivier Weber
Jacques Yonnet
Stefan Zweig  

 

Henry de Monfreid (1879-1974)


Le personnage est la rencontre improbable de différents types d'hommes. Monfreid en 1927 Marin, trafiquant, toxicomane, assassin, merveilleux conteur, musicien, patriote, aventurier, père et mari absent, commerçant, musulman, prisonnier, respectueux des ethnies, peintre, la liste n'est pas close.  Pendant les années d'aventures en Mer Rouge sa famille vivait à Obock en face de Djibouti. Giselle de Monfreid sa fille aînée souligne une chose qu'il omet de mentionner dans ses livres :"l'influence pourtant primordiale qu'eut ma mère sur l'orientation de sa vie : à force de patience et d'obstination, elle parvint à faire de ce contestataire avant l'heure, de cet aventurier qui aurait pu mal tourner, un homme de qualité supérieure.[...] Elle recopia toutes ses lettres dans un modeste cahier d'écolier, amorçant ainsi le récit des Secrets de la mer Rouge..."

"Son goût pour le trafic de drogues dures lui coûtera un fauteuil à l'Académie française. A l'âge de 70 ans, Henry de Monfreid approvisionnait toujours des salons parisiens en substances vénéneuses. Il avait des amis de tous bords comme le père Teilhard de Chardin qui tentera de convaincre le chef communiste Paul Vaillant-Couturier d'aider le trafiquant à se rendre au Turkestan pour y trouver meilleure marchandise."  (Jean-François Deniau)

 

Les Secrets de la Mer Rouge

Aventures de mer

La croisière du hachich

La cargaison enchantée

La poursuite du Kaïpan

L'homme sorti de la mer
 

 

 

 

Les secrets de la Mer Rouge
Raconte ses premières aventures en Mer Rouge à partir de 1911, la pêche perlière, le trafic d'armes. Dans cette région la vente d'armes est presque exclusivement destinée aux tribus yéménites en révolte contre les anglais. Elle fait la fortune de Djibouti qui n'est censée vendre qu'aux éthiopiens, une apparence de légalité, les armes sont livrées à Tadjoura port d'Ethiopie (à 50 km de Djibouti), où elles sont acheminées au Yémen. Monfreid à son habitude refuse de suivre le circuit établi, il sera franc tireur, il s'en suit qu'il se met à dos l'administration française les Ethiopiens, les Français et bien entendu les Anglais avec qui tout le long de sa vie dans cette contrée il sera en conflit et qui l'emprisonneront à plusieurs reprises. Il n'est pas un admirateur de Lawrence le soit disant ami des Arabes.

 

Premier contact avec la mer Rouge
« Non, monsieur, vous n'irez pas à Tadjourah!

- Cependant, monsieur le gouverneur, tous les commerçants arabes peuvent...

- Je ne veux pas discuter, entendez-vous. Vous n'êtes pas Arabe, vous êtes Français. Il y a à peine six mois que vous êtes à Djibouti, et vous ne voulez en faire qu'à votre tête. Les conseils de vos aînés devraient vous servir au moins à quelque chose, croyez-moi. Mais non, vous ne voulez écouter personne. C'est très gentil de faire le fou, en plein soleil, sans casque et de fréquenter les cafés somalis, vous n'avez pas honte de vous faire donner un nom indigène par les coolies de la plus basse condition ?

- Je n'en suis nullement honteux, au contraire. Mais ce qui me fait de la peine, c'est de savoir l'opinion que ces gens-là ont des Européens, et je fais mon possible pour ne pas être compris dans le nombre.
- Alors, l'opinion de ces sauvages vous intéresse plus que la nôtre?

- Peut-être.

- Je n'aime pas les révolutionnaires de votre espèce. Si la colonie froisse vos idées, rien de plus simple : il y a un bateau pour la France dans trois jours.

- Monsieur le gouverneur, je vous ai seulement demandé d'aller à Tadjourah.

- Encore une fois non, monsieur, vous n'irez pas.

- Même sans votre assentiment ?

- Que voulez-vous dire?

- Je veux dire que je comprends très bien votre répugnance à engager votre responsabilité en me laissant aller dans un pays qui échappe à votre autorité. Il est donc préférable que j'y aille à votre insu.

- Vous ne manquez pas de toupet.

- Mettons que je n'ai rien dit, puisque ma présence à Tadjourah vous inquiéterait tellement...

- M'inquiéter.., m'inquiéter... Vous croyez donc que je vais me faire de la bile pour quelqu'un de votre espèce. Si vous voulez vous faire massacrer, cela vous regarde, vous l'aurez mérité...

- Je vous remercie, monsieur le gouverneur. J'ai bien l'honneur de vous saluer.

Voilà sous quels auspices j'ai fait mon premier voyage à Tadjourah.
 

 

 

Aventures de mer
La suite chronologique du précédent, il sort de prison à Djibouti et est expulsé vers la France pour participer à la première guerre mondiale. De nouveau réformé il projette d'accaparer les Îles Farzan (près des côtes d'Arabie, en gros à hauteur d'Asmara en Erythrée) pour la France. Son cheminement le mène aussi en Ethiopie, il a de graves ennuis avec les Anglais qui essaient, en lui tendant un piège, de le faire disparaître "accidentellement".

 

 

 

 

La croisière du hachich
Il se lance dans d'autres sortes d'aventures,  consacrées en grande partie à un trafic de hachich, il achète en Grèce, vers Argos, il donne quelques conseils pour la culture du hachich et il vend en Egypte, mais rien de facile, toujours des traquenards à déjouer.

 

Conseils de préparation
p88- Le matin, je suis éveillé par la rumeur d'une activité de ruche dont le bourdonnement emplit la maison. Dans la grange où l'on a porté hier les sacs, si bien bâtonnés par les serviteurs de Petros, s'agite une foule de travailleurs dans une poussière dense.

Au milieu de la pièçe une sorte de table analogue à un billard est formée par un grand tamis métallique à mailles très serrées posé sur quatre pieds. C'est sur cette machine qu'on jette à la pelle le hachich pulvérulent.

Un grand drap enveloppe par l'extérieur les quatre pieds de cette table, empêchant ainsi la poudre très fine tombée du tamis de se répandre en tourbillons de poussière.

Des femmes, la tête enveloppée de fichus, sans doute pour protéger leurs cheveux, étendent et agitent avec leurs mains la poudre et la tamisent.

Des hommes prennent ensuite, avec de grandes pelles de terrassiers, cette poudre ténue et la mettent dans une énorme bassine de fer étamé pour rendre le mélange homogène.

Mme Petros coud fébrilement à la machine de petits sacs de toile blanche; qu'une femme prend à mesure qu'ils sont terminés pour y imprimer avec un tampon de caoutchouc, une sorte de marque représentant un éléphant. Puis elle les passe à une autre qui les emplit, fait le poids avec exactitude et enfin les attache.

Une grande presse à balancier reçoit ces sacs, empilés régulièrement entre les plateaux d'acier. Quand il y en a un certain nombre, un homme en bras de chemise, aux muscles d'Hercule, manœuvre le balancier de la vis et les sacs s'aplatissent lentement, jusqu'à devenir des galettes de trente centimètres sur quinze, épaisses seulement de quatre. Elles sont dures comme de la cire; c'est la forme commerciale sous laquelle le hachich est exporté et l'éléphant qui orne chaque paquet est une marque de fabrique.

Petros aide de temps en temps à serrer les derniers tours de presse avec l'homme à la haute stature. De celui-là je ne puis voir la figure, à cause d'une serviette qui lui couvre la tête, ne laissant voir que les yeux. Mais dans cette fente étroite ces yeux me semblent déjà vus... Mais oui, je ne me trompe pas, c'est mon curé, c'est Papamanoli. Il se démasque, en riant, et libère sa grande barbe et ses cheveux roulés en chignon. C'est pour protéger cette toison luxuriante contre la poussière qu'il met cette cagoule improvisée. Il est de la famille, donc rien de plus naturel que de donner un coup de main dans un moment de presse.

Peu à peu ces poussières de hachich excitent ouvriers et ouvrières qui, maintenant, chantent à tue-tête, plaisantent et se lutinent sans malice avec des cris et des fous rires déclenchés pour des riens.

Je me sens, moi aussi, entraîné, sans m'en rendre compte, dans ce tourbillon de gaieté. Jusqu'à ce petit laideron de nièce de Tripoli qui s'éveille, devient dissipée, prend des familiarités... Fort heureusement le travail s'achève, sinon je ne sais comment tout cela aurait fini.

Dehors, un plombier achève de souder l'intérieur zingué des caisses où on va emballer les galettes de hachich.

Pendant que ce travail fébrile prend fin, les servantes dressent une table à l'ombre d'un immense noyer devant la grange. Elles ont mis leur robe du dimanche, comme si ce jour était une fête. Un déjeuner nous réunit autour d'une longue table où tous, maîtres et serviteurs, nous mangeons en commun comme dans les temps antiques.

Un mouton rôti, des volailles, des truites, enfin un repas pantagruélique, comme on en voit seulement dans les campagnes aux terres généreuses, un de ces repas prodigieux dont parlent les chroniqueurs du Moyen Age. Cependant, ici, tout est décent car, au fond de leurs montagnes, ces gens simples sont restés trop près de la nature pour oublier la pudeur. En terminant, je dirai un mot pour ceux qui sont curieux de toutes choses sur la préparation de la poudre de hachich telle que je l'ai vue, conservée en cave dans les sacs.

Les champs où pousse le chanvre sont soigneusement sarclés et toutes les plantes mâles sont éliminées. Les plantes femelles ne peuvent donc plus porter de grainés, ce qui permet aux feuilles de se charger au maximum d'une matière résineuse. On augmente encore la richesse de cette sécrétion en brisant la sommité quand la plante a pris son développement.

Au moment où les premières feuilles, les plus basses, commencent à jaunir, on fauche avec précaution, à dix centimètres environ du sol, pour éviter de souiller la récolte de sable ou de terre. On sèche à l'ombre et on engrange. Certains cultivateurs conservent seulement les feuilles car les tiges n'ont aucune utilité. Aux jours les plus froids de l'hiver, par les fortes gelées, c'est-à-dire quand cette couche cireuse, sécrétée par les feuilles est devenue cassante comme de la résine, on brise les plantes séchées en les triturant entre deux toiles à voile. On recueille ainsi une poussière faite d'un mélange de feuilles brisées et de cette racine qui constitue la partie active du hachich. C'est elle qui donne à la poudre ainsi obtenue la propriété de s'agglomérer à la pression et de se ramollir à la chaleur. Toutes les fermes travaillent le hachich sur leurs terres, c'est la principale culture. Chaque domaine a sa marque, son cru, parfaitement côtés; il y a les bonnes et les mauvaises années, tout comme pour les grands vins.

Voilà donc mes huit caisses soudées et clouées. Toute ma petite fortune est là, attendant le départ.

 

 

 

La cargaison enchantée
De retour d'Inde avec un chargement de 12 tonnes de charras (hachich), il cherche à l'écouler en Egypte tout en étant aux prises avec les autorités françaises, anglaises, éthiopiennes et surtout à la mafia locale égyptienne.

 

 

 

La poursuite du Kaïpan
Il achète 6 tonnes de charras à Bombay mais se les fait subtiliser par une de ses connaissance qui s'enfuit avec le charras sur un vapeur volé le "Kaïpan". Une poursuite truffée de péripéties s'ensuit et finalement se termine aux Seychelles où il retrouve son bien.

 

 

L'homme sorti de la mer
Bénéficiaire comme jamais après l'épisode Kaïpan, il place son capital dans une centrale électrique à renflouer et continue son trafic de charras, mais il s'est fait de nouveaux ennemis, un homme qui voyage en troisième et vit pieds nus sur le pont de son boutre tout en investissant un gros capital n'attire pas la sympathie des gros bonnets, ils ont juré sa perte, de nouveau il finit dans les geôles de Djibouti.

 

 

@Courriel - Lien vers les sites Bibliomane, Sannyasa

© 2003-2013  Sann, Duth, Orve...